1 décembre 2007 - 30 mars 2008
Aborder l'histoire de la chaussure est un sujet bien vaste ; aussi le musée de Saint-Maur s'est-il concentré sur la chaussure française, essentiellement féminine, moderne et contemporaine. Quelques moments clés de l'évolution de cet objet du quotidien sont toutefois évoqués par des pièces anciennes (à partir du XVIIe siècle).
L'exposition s’ouvre sur des représentations iconographiques inspirées par les contes qui, du Chat botté à Cendrillon, évoquent les pouvoirs surnaturels des chaussures. De même, l'imagerie populaire a représenté les saints Crépin et Crépinien, deux frères que les cordonniers ont choisis comme patrons.
Le travail des bottiers (créateurs du sur-mesure) confère à l'excellence comme en attestent patronages, carnets de tendances, formes et accessoires. Les visiteurs découvrent par exemple les créations de Roger Vivier, bottier d'exception et collaborateur de Christian Dior. Avec lui, la boucle n'est plus un ornement, elle est une signature.
La forme de la chaussure repose sur trois modèles : la sandale ouverte, portée de l'Antiquité au Moyen Âge, réapparaît dans les années vingt, et est constamment à l'honneur depuis ; le soulier fermé, à la base de la mode masculine, qui se conjugue aussi au féminin et prend au fil du temps diverses formes (Richelieu, Derby, escarpin, Salomé) ; la botte, qui traverse les siècles.
Parmi les diverses matières, le cuir est très présent, symbole de luxe. Teinté, peint, verni ou doré, il côtoie velours, brocart, satin, tapisserie, fourrure, soie et dentelle... Et quand, dans les années de guerre, il se raréfie, liège, jute, raphia et bois se substituent à lui. À partir des années cinquante, certains créateurs utilisent vinyle et plastique, sources de créativité et d'originalité.
Le talon est un élément essentiel de la chaussure, support de créations plus originales les unes que les autres. Il s'incurve, s'élève, s'abaisse, s'élargit ou s'affine jusqu'à devenir "aiguille" en 1954.
La chaussure reflète le statut social de celui qui la porte. Des modèles d'une facture exceptionnelle, réservés à une frange restreinte de la population, nous sont ainsi parvenus à travers les siècles.
La confection industrielle commence dans les années vingt et les chaussures fabriquées en série gagnent peu à peu en qualité. Toutefois le sur-mesure, apanage des artisans, se maintient dans la haute couture. Pour fabriquer ces souliers, plus de 250 opérations sont nécessaires. Car une chaussure peut aussi être une œuvre d'art…