L’origine du musée
C’est le pharmacien Édouard Bourières (1815-1889) qui, le premier, comprit l’intérêt de rassembler les vestiges et les objets exhumés des terrains situés à l’emplacement de l’ancienne abbaye de Saint-Maur. Propriétaire d’une grande partie de ce site, il entreprend des fouilles et découvre des sculptures entre 1858 et 1861. Il rassemble dans le parc, sous un appentis, des chapiteaux, des bases de colonnes et divers éléments architecturaux.
Au tout début du XXe siècle, en 1904, Adolphe Maujan (1853-1914), sénateur et auteur dramatique, devient propriétaire du site. Quelques années après son décès, une partie de la collection lapidaire revient à la ville. Ainsi, au début des années vingt, la Tour Rabelais, située à l’entrée du site de l’Abbaye abrite des sculptures médiévales, des éléments architecturaux et des vestiges archéologiques. En 1925, un écriteau avec la mention "Musée Maujan" y est apposé.
Le 14 janvier 1922, Le vieux Saint-Maur, Société historique et archéologique est créé par Émile Galtier, alors également conseiller municipal. Il sera le premier président de cette société historique. Celle-ci se fixe pour missions de réaliser des fouilles et de sauvegarder les objets recueillis. En 1927, le Maire Auguste Marin met à la disposition de la Société historique trois salles situées au rez-de-chaussée de la Villa Frot (actuelle école maternelle Édouard Cazaux). Plus tard, la société se rend compte de la difficulté de s’occuper de cette collection riche de 300 documents et vestiges et décide, le 26 janvier 1933, de la céder à la ville.
Dès 1932 et à l’appui de cette collection, Auguste Marin affirme sa volonté d’avoir un musée municipal. Il crée une section Beaux-arts qui côtoie le musée "local". Il joue de ses relations et sollicite la Préfecture de la Seine pour obtenir des dépôts. Certaines sculptures monumentales sont visibles dans les squares de Saint-Maur et des peintures et des sculptures rejoignent les collections dans le musée.
L’ancienne école primaire de jeunes filles avenue Henri Martin, accueille la bibliothèque, les archives et le musée dont l’ensemble des collections est ainsi réuni. Ce dernier y restera jusqu’au début des années 70, la bibliothèque souhaitant alors bénéficier d’un espace plus conforme à ses ambitions.
Le musée s'installe alors dans les anciens bains-douches de l’avenue du Bac qui sont réaménagés. Cela permet d’accueillir et mettre en valeur les œuvres et surtout d’organiser des expositions d’artistes contemporains. A partir de cette période, les collections s’enrichissent par des acquisitions régulières et des donations. Un atelier de lithographie jouxte la salle d’exposition du musée. Cette proximité impulse un intérêt pour l’estampe qui ne s’est pas démenti depuis.
Souhaitant présenter au public les collections à leur juste valeur, le maire Jean-Louis Beaumont (1925-2013) décide d’installer le musée dans la Villa Médicis nouvellement restaurée. Le musée investit un nouveau lieu et est inauguré le 11 février 1983.
Les collections
Le musée de Saint-Maur rassemble des collections très variées, liées à l’histoire de la ville, issues des ateliers d’artistes locaux ou qui illustrent les diverses techniques de l’estampe.
Les peintures
Les collections de peinture ancienne sont constituées d'œuvres religieuses provenant de l'église Saint-Nicolas (située dans le quartier du Vieux-Saint-Maur), classées au titre des Monuments historiques pour les plus remarquables et déposées au musée en 1942.
Les œuvres de peintres ayant séjourné ou travaillé plus ou moins longuement dans la commune aux XIXe et XXe siècles constituent le fonds de peintures.
En 1926, Le vieux Saint-Maur, Société historique et archéologique " invite les artistes à dessiner les vieux coins, berceau de la ville, menacés de prochaines démolitions " La ville achète à Adrien Lemaitre (1863-1944) 50 tableaux qui représentent avec une fidélité parfaite les rues du quartier du Vieux Saint-Maur, d’Adamville et quelques bords de Marne.
De plus, les œuvres de nombreux peintres locaux ou non ont été acquises ou ont intégré les collections : Georges Capgras (1866-1947), Roger Chapelain-Midy (1904-1992), François Desnoyer (1894-1972), André Dunoyer de Ségonzac (1884-1974), Edouard - Léon Garrido (1856-1949), René Génis (1922-2004) Paul Girol (1911-1988), Victor Lecomte (1856-1920), Clément Quinton (1851-1921), Edmond Quinton (1892-1969), Louis Vuillermoz (1923 - 2016).
Les sculptures
Parmi les nombreuses sculptures médiévales issues du site de l’abbaye de Saint-Maur, on peut citer les deux remarquables statues colonnes du XIIè siècle classées au titre des monuments historiques comme autres lapidaires.
Les sculptures de François Black (1881-1959) et d'Albert Leclerc (1906-1975) ont rejoint les collections du musée suite aux donations de leurs descendants. Il convient d’accorder une attention toute particulière au Guignol de François Black qu’il réalisa en 1939 et qui représente les protagonistes de la seconde guerre mondiale : des caricatures étonnantes de réalisme et très instructives sur le contexte historique.
Édouard CAZAUX (1889-1974), lui aussi sculpteur, est plus connu pour ses talents de céramiste. Il s’installe à La Varenne Saint-Hilaire en 1920 et construit très rapidement un four pour la cuisson des grès et un autre pour les faïences. Impliqué dans la vie culturelle de la ville, il soutient les actions du musée. Il reçoit plusieurs commandes de la municipalité d’œuvres monumentales. Au fil des années, des grès, des faïences et des verres ont été acquis ou donnés. Le musée conserve ainsi la plus importante collection publique d’œuvres d'Édouard CAZAUX très représentatives de la période Art-déco.
Les estampes
La proximité d’un atelier de lithographie avec le musée pendant plus de dix ans a orienté dans les années 70 les acquisitions dans le domaine de l’estampe. Ainsi Camille Pissaro (1830-1903) et Eugène Carrière (1849-1906) qui ont séjourné à Saint-Maur sont représentés par XXX eaux fortes. Des œuvres de Pablo Picasso (1881-1973), Jean Arp (1886-1966), Raoul Dufy (1877-1953), Marino Marini (1901-1980), Alexander Calder (1898-1976) complètent cet ensemble.
Les enfants de Pierre-Antoine Cluzeau (1884-1963) ont donné un très important ensemble de dessins et de gravures de leur père. Les vues des bords de Marne rendent compte des paysages et des loisirs sur la rivière alors que les bords de Seine illustrent l’animation le long du fleuve (bateaux lavoirs, quai de déchargement, petits métiers installés sur les quais, démolition du Pont de la Tournelle, …), témoignages précis d’une époque révolue. Une attention toute particulière doit être réservée à ses dessins de soldats coloniaux réalisés entre 1915 et 1917 alors que l'artiste était affecté à l’hôpital du Jardin colonial de Nogent.
La donation de l'ensemble de l'œuvre gravé de Jean Couy (1910-1983) permet d'appréhender l'évolution stylistique et thématique de cet artiste sensible à la poésie de la nature.
La biennale de l'estampe est également l'occasion pour le musée d'accroître son fonds d'estampes contemporaines en intégrant dans ses collections les œuvres des artistes primés.
Privées, associatives, puis municipales, les collections sont, à partir de 1982, gérées par le musée municipal qui passe alors sous le contrôle de la Direction des musées de France. Elles sont maintenant soumises aux règles de la loi Musée de 2002 puisque le musée de Saint-Maur a reçu le label Musée de France en 2003. Elles sont désormais gérées par le musée intercommunal de Saint-Maur, transféré au Territoire ParisEstMarne&Bois en septembre 2018.