Gibet de Montfaucon
Pierre-Antoine CLUZEAU ( 1884 - 1963 )
Pierre-Antoine Cluzeau est fasciné par la cathédrale Notre-Dame de Paris. S’il réalise de nombreux dessins de l’édifice, il s’est aussi attaché à illustrer le roman de Victor Hugo. Dans ses 13 dessins à la mine de plomb ou à l’encre, il s’emploie à être le plus fidèle possible à la description narrative de Victor Hugo. Ainsi, son dessin fouillé et très sombre s’oppose au traitement des sources lumineuses qui renforce le côté dramatique des scènes.
Le gibet de Montfaucon
« Montfaucon était, comme le dit Sauval, « le plus ancien et le plus superbe gibet du royaume ». Entre les faubourgs du Temple et de Saint-Martin, à environ cent soixante toises des murailles de Paris, à quelques portées d’arbalète de la Courtille, on voyait au sommet d’une éminence douce, insensible, assez élevée pour être aperçue de quelques lieues à la ronde, un édifice de forme étrange, qui ressemblait assez à un cromlech celtique, et où il se faisait des sacrifices. Qu’on se figure, au couronnement d’une butte de plâtre, un gros parallélépipède de maçonnerie, haut de quinze pieds, large de trente, long de quarante, avec une porte, une rampe extérieure et une plate-forme ; sur cette plate-forme seize énormes piliers de pierre brute, debout hauts de trente pieds disposés en colonnade autour de trois des quatre côtés du massif qui les supporte, liés entre eux à leur sommet par de fortes poutres où, pendent des chaînes d’intervalle en intervalle ; à toutes ces chaines des squelettes ; aux alentours dans la plaine, une croix de pierre et deux gibets de second ordre qui semblent pousser de bouture autour de la fourche centrale ; au-dessus de tout cela, dans le ciel, un vol perpétuel de corbeaux. Voilà Montfaucon. »
Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, Livre XI, chapitre IV