Vase globulaire "Spirales et pastilles"
Edouard CAZAUX ( 1889 - 1974 )
Edouard CAZAUX
ÉDOUARD CAZAUX
1889 – 1974
Édouard CAZAUX est né à Cauneille, dans les Landes, le 6 septembre 1889. Ses parents qui fabriquent de la vaisselle en grès partent s’installer dans une poterie à Biarritz dans le quartier de La Négresse. Leur production, composée de plats utilitaires, est vendue en Espagne.
Après Édouard naîtront Vincent et Armand. À 14 ans, alors qu’Édouard montre des dispositions pour les études, il quitte néanmoins l’école et devient ouvrier céramiste. Il est employé dans une usine de Tarbes. L’usine fabrique des tuyaux, des balustres, des épis de faîtage. Il rapporte des échantillons d’émaux de l’usine et les essaye avec son père.
Cinq ans plus tard, en 1907, il monte à Paris où il travaille dans une usine de céramique, chez Rivière, rue de la Roquette, à deux pas de la Bastille. Il est tourneur dans cette usine. Pendant ses moments de liberté, il lit, dessine, visite les musées.
Ses obligations militaires le forcent à revenir dans le Sud-Ouest, très exactement à Mont-de-Marsan où il fera son service de 1909 à 1912. Ce sera aussi pour lui l’occasion de suivre des cours de dessin et de modelage avec Louis Morin. Ce dernier lui présente Charles Despiau. Cette rencontre sera décisive dans le parcours de Cazaux mais surtout le début d’une profonde amitié.
En 1912, Édouard retourne à Paris, ayant obtenu une bourse pour l’École nationale des Beaux-Arts de Paris. Mais il travaille surtout dans l’atelier de Georges Garing qui anime un atelier à Alfortville. Il expérimente alors de nouvelles compositions d’argile et d’oxyde et découvre le grès. Garing, ancien élève à la Manufacture de Sèvres est l’intermédiaire idéal pour avoir accès à la Manufacture et à ses fours.
Durant cette période il travaille aussi dans l’atelier des Lachenal, à Chatillon et chez Viriot, boulevard Saint Jacques à Paris.
Pendant la première guerre mondiale, mobilisé, il est brancardier. Le 14 mai 1918, à l’occasion d’une permission, il se marie avec Sylvie Péré, jeune artiste landaise, originaire de Saint-Vincent-de-Tyrosse. Leur fille, Mireille, sera elle aussi céramiste et surtout ne cessera de déployer tous ses efforts pour valoriser l’œuvre de son père.
C’est en 1920 qu’Édouard et Sylvie s’installent à La Varenne-Saint-Hilaire. Le premier four pour la faïence est construit en 1920-21. Un an plus tard, Cazaux construit un four à grès, de forme circulaire, sur le modèle des fours de la Manufacture de Sèvres qu’il avait expérimentés en 1912.
C’est dans ce contexte que Cazaux évolue, mène ses recherches, s’impose auprès de ses pairs et est reconnu comme céramiste et sculpteur.
Sa démarche correspond parfaitement au contexte des années 20.
Les œuvres en grès s’inscrivent dans le courant non-figuratif avec des décors graphiques et géométriques. L’autre tendance, issue de la tradition antique, privilégie la figuration et s’épanouit dans la production de faïences.
Cazaux est reconnu par ses pairs en parvenant à inscrire la couleur rouge dans un décor précis de ses grès de grand feu. La cuisson doit être parfaite, sans apport d’oxygène, et l’oxyde de cuivre conserve alors une couleur rouge.
Actif dans les années 20, Cazaux travaille pour certaines éditions d’art avec des éditions en petites séries. Il fait partie de l’équipe d’Arthur Goldsheider jusque dans les années 31-32. Il réalise des pièces uniques pour le Galerie Rouard et le Grand Dépôt.
Cazaux réalise aussi des panneaux en faïence aux décors religieux ou qui évoquent la vie régionale du Pays Basque. On lui doit la fontaine du musée de la mer à Biarritz (1935), le chemin de croix de l’église des Eaux-Bonnes, la Fontaine du Pavillon des 3 B (Pays basque, Béarn, Bigorre) présentée à l’exposition Internationale des Arts et Techniques dans la Vie Moderne de 1937. Plus tard, en 1942, il collabore avec l’ébéniste et décorateur Victor Courtray. Quatre panneaux en faïence ornent un meuble qui est exposé au Salon des décorateurs.
Autre art du feu, le travail pour le verre est un aspect important dans le parcours d’Édouard Cazaux. Déjà pendant la première guerre mondiale, il avait été sensibilisé à ce travail, étant cantonné en 1916 dans la région de Baccarat. Dès 1928, Cazaux commence à travailler pour la cristallerie Guéron installée à Compiègne et fournit des modèles en plâtre qui étaient ensuite moulés et pressés. Généralement blanc, le verre pouvait être dépoli, quelquefois teinté dans la masse ou opalisé. Les recherches ornementales sont les mêmes que pour les céramiques.
Pendant la seconde guerre mondiale, Cazaux n’a plus de bois pour cuire ses céramiques. Il fait la connaissance de M. Biscayart qui est l’un des présidents pour la France de la Compagnie des meules Norton. Il a ainsi accès aux fours tunnels électriques de l’usine. Cazaux crée une pâte qui répond aux exigences d’une cuisson à très haute température. L'aspect minéral de ces grès Norton est très caractéristique.
Cazaux est également sculpteur. D-ès leur rencontre, Charles Despiau l’encourage dans cette voie. Sur ses conseils, Cazaux s’essaye au modelage et très vite subit l'influence de la Bande à Schnegg. Ses bustes, le plus souvent de sa famille et de ses proches, répondent à cette exigence de sobriété dans le traitement des visages. Il pratique également la sculpture monumentale. On lui doit les monuments aux morts de Castets, Biarritz et Saint-Vincent de Tyrosse. Il réalise d’autres monuments dans le sud-ouest ou à Saint-Maur-des-Fossés (Monument à Robert Lassale, Député des Landes et Ministre, mort pour la France en 1940 ; Hommage à Jean Moulin, commande de la ville de Saint-Maur).
Edouard Cazaux décède à Saint-Maur le 10 septembre 1974.
Une école maternelle de La Varenne Saint-Hilaire porte son nom.
- Numéro d'inventaire : 81.01.01
- Date de création : Vers 1925
- Technique : Technique mixte
- Matière : Grès de grand feu
- Dimensions (LxHxP) : 21 x 21 cm
Vase globulaire en grès de grand feu et rouge de cuivre. Ce vase est considéré comme le chef-d’œuvre des grès "rouge de cuivre" d’Édouard Cazaux. Inscrites dans de petits rectangles, les "pastilles" rouges, légèrement en relief, sont obtenues grâce à une cuisson parfaitement maîtrisée de l'oxyde de cuivre. Les spirales gravées sur l’engobe brun foncé des volutes laissent apparaître la couverte blanche. Le motif des spirales, caractéristique de l'Art déco, est récurrent dans le travail d’Édouard Cazaux.